L’histoire de l’art est une histoire de ruptures. Tout comme l’impressionnisme s’inscrit dans un mouvement de réaction au regard de « l’establishment pictural» alors en place, l’histoire de la photographie a été traversée de soubresauts similaires.
L’oeuvre de William Klein (1928) constitue un de ces jalons qui ont bouleversé le cours de l’histoire du médium photographique. En 1954, cet artiste, qui pratiquait jusqu’alors une peinture empreinte des enseignements de Fernand Léger, sort dans les rues de New York avec un appareil photographique et révolutionne l’approche du portrait. L’individu est pris dans la foule de la mégapole, dans le mouvement de ses pas.
Chez Klein, il n’est pas passant anonyme, le photographe cherchant, dans une manière totalement inédite, le contact avec son sujet, par une proximité physique extrême, dont il résulte souvent un regard, voire un sourire, « caméra ». Le visage est parfois si proche qu’il se trouve plongé dans le flou et notre regard ainsi submergé par le grain du film et de la peau : plongé tant dans la matière photographique qu’humaine.
L’exposition présentée à l’abbatiale est l’occasion de revenir sur l’oeuvre de ce grand nom de la photographie, portraitiste hors pair du genre humain, et de son habitat urbain. Les séries cultes réalisées à New York, Moscou, Tokyo, Rome, Paris sont présentées pour la première fois en Normandie, après les rétrospectives qui se sont tenues à la Tate Modern à Londres (2012) et FOAM, Amsterdam (2014).
Son oeuvre filmique (avec notamment sa première oeuvre filmée Broadway by Light, tant applaudie par Orson Welles) et peinte sont également évoquées, ainsi que sa photographie de mode, pour un portrait complet des multiples figures de l’artiste Klein.