Le Musée des Beaux-Arts de Bernay propose de mettre en avant le thème des femmes qui lisent dans l’art, de la publication du roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary (1856), à la sortie du premier grand hebdomadaire féminin du XXe siècle, Marie Claire (1937).
Le cadre chronologique défini, correspond à une période riche en événements, tant sur le plan de l’histoire de l’art, des femmes et de la lecture.
Les artistes du dernier quart du XIXe siècle n’hésitent pas à transgresser les codes traditionnels du portrait et, à ce titre, font partie des premiers artistes à représenter des femmes absorbées par leur lecture. L’éducation des filles devient une question publique : la loi Sée ouvre aux jeunes filles le droit d’entrer au collège et au lycée. La production de livres se développe considérablement avec pour principaux lecteurs, des lectrices qui osent braver les interdits en lisant des romans qui, pense-t-on, pervertissent l’esprit, et acquièrent ainsi un libre choix sur leur lecture, et plus généralement sur leur vie.
Ce thème de la « femme qui lit» a été souvent utilisé par les artistes. Ce qui explique qu’il soit très représenté dans les collections publiques des Musées de France et notamment dans celles du Musée des Beaux-Arts de Bernay qui compte pas moins d’une dizaine d’oeuvres pour la période annoncée (La Lecture de Louis Valtat, La Lecture d’André Mare, Florence lisant de Maurice Marinot, Claude lisant au salon de Marie-Thérèse Lanoa, etc.). Du portrait d’apparat où le livre est là pour rappeler au spectateur que le modèle est une femme lettrée, aux portraits intimistes qui présentent la femme dans un rapport charnel avec le livre, la femme qui lit a alors une image ambiguë : entre la sainte et la pécheresse, la bonne ménagère et la paresseuse, la mère modèle et la victime de sa passion,...
Peintures, estampes, dessins, photographies et sculptures révèleront les différentes images de la lectrice que l’art véhicule à la charnière du XXe siècle.
L’exposition tentera de voir comment les artistes se sont emparés de ce thème pour en faire un acte moralisateur, moqueur, intimiste, libertaire ou encore féministe, et en quoi ces nouvelles représentations de la femme correspondent à un réel changement de société.